Diaporama d'images du chantier de la Place du Colonel Fabien
Amoncellement : Tas de pierres, de gravats, de cailloux, de pavés, de bitume, de sable, d’outils et de matériaux de chantier, de déchets.
Assainissement : La première phase des travaux de la place du Colonel Fabien, située entre le 10ᵉ et le 19ᵉ arrondissement de Paris, a principalement pour objet l'élargissement des trottoirs, l'optimisation de l'éclairage et l'assainissement de la place afin d’améliorer la collecte et l’évacuation des eaux usées.
Barrières : Elles protègent et délimitent l’espace de travail des ouvriers, ainsi que la circulation des piétons et des automobilistes. Elles modifient à certains endroits le sens de circulation, créent un circuit tout autour de la place, réduisent la taille des trottoirs et dessinent un curieux labyrinthe dans certaines zones, créant ainsi des îlots.
Brouette : Cet outil rustique, dans les jardins habituellement, semble insolite sur un chantier. En effet, on ne voit jamais aucun ouvrier s’en servir. Leur usage est détourné : on y range des outils, des pelles, des balais, des bombes de peinture et des câbles électriques.
Bitume : Souvent confondu avec le goudron, dont l'utilisation est désormais rare, son odeur et sa couleur sont identiques. Lorsque le camion soulève sa benne, la matière chaude et noire se déverse au sol. Une fois ramolli, le bitume est étalé sur la surface de la future route grâce à une épandeuse, puis aplani à l’aide d’un rouleau compresseur.
Bordure : Les bordures en béton, qu'elles soient préfabriquées ou coulées, sont le plus couramment utilisées pour séparer les flux de circulation ou guider l’eau de pluie vers les avaloirs. À cette étape du chantier, elles sont maintenues droites par l’ajout de ciment à leur base. Elles serpentent en enfilade au milieu de la place en restructuration, formant une rangée de dents mises à nu.
Batte de baseball : Sur les abords du chantier, un ancien bar à chicha vient de trouver un repreneur, qui a baptisé l’endroit en travaux l’Eden Café. Ce nom prometteur est trompeur. Le propriétaire chasse en effet chaque matin les sans-abris érythréens qui dorment juste devant en les menaçant avec sa batte de baseball.
Chaussée : Une chaussure traîne au milieu de la chaussée. Une chaussure féminine en cuir noir. Comme ces vêtements aperçus dans l’espace public, il y a quelque chose d’indécent à découvrir un objet intime au beau milieu de la route, sans savoir comment il a pu arriver là. Chaussée, déchaussée.
Cône de signalisation orange : Ils ne sont pas utilisés et restent en réserve. Habituellement, ils balisent l'entrée d’un chantier ou signalent un danger, mais ici, leur présence semble déplacée dans cet endroit déjà surchargé d'objets et de signes.
Conteneur : Discrètement installés sur un côté de la place du Colonel Fabien, les deux conteneurs servent aux ouvriers qui, en fin de journée (le chantier commence tôt mais finit vers 16h), viennent se changer (ils ôtent leur casque, leur veste orange, leur combinaison) avant de rentrer chez eux.
Circulation : La modification de la circulation pendant la durée des travaux provoque d’impressionnants embouteillages.
Dalle : Élargissement et pose de dalles sur les trottoirs situés entre le boulevard de la Villette Nord et l’avenue Mathurin Moreau, ainsi qu’entre l’avenue Claude Vellefaux et la rue de la Grange-aux-Belles.
Dameuse : L’ouvrier tremble avec l’engin. Il semble faire corps avec lui. On n’a pas l’impression que c’est lui qui dirige la machine, mais qu’il vibre et bouge avec elle.
Feu de signalisation : Ceux qui ne sont plus en fonction pendant les travaux ont été recouverts de scotch orange. Vu leur mauvais état, on se demande parfois si ce scotch n’a pas juste pour but de maintenir le feu debout jusqu’à la fin du chantier.
Flèche : Le marquage au sol n’indique plus la direction à suivre. La flèche qui signalait aux automobilistes de tourner à droite au feu perd tout son sens depuis que la route est protégée par des barrières, en attente d'une future intervention.
Gants : Abandonnés là par un ouvrier, ils préservent la forme des mains qui les ont utilisés.
Gravats : Le bitume est cassé à coups de marteau-piqueurs, avant d’être placé dans de grands sacs orange (Big bags). Parfois, ils sont laissés sur place, à même la tranchée où ils ont été brisés. Cela évoque la manière dont on laisse respirer la terre dans son jardin après l’avoir bêchée et retournée.
Housse de protection : Certains engins sont recouverts de housses le soir. Parfois, un simple voile de plastique est posé sur des sacs de ciment pour les protéger de l’humidité.
Îlot : Le chantier doit créer un îlot de fraîcheur et un espace de préservation de la biodiversité. Des zones ont été délimitées dans l’espace de la place pour en interdire l’accès aux véhicules et aux piétons, permettant ainsi aux ouvriers de travailler sans encombre.
Isolation : Les câbles électriques et téléphoniques passent à travers de nouveaux tuyaux ou canalisations insérés dans des tranchées qui parsèment l’ensemble du chantier. Les fils sont protégés avant d’être enterrés.
No man’s land : Le soir, après le départ des ouvriers et de leurs véhicules, les espaces libérés pour permettre aux camions de manœuvrer et d'apporter le matériel nécessaire au chantier offrent de larges zones vides. La ville semble soudainement à l’abandon. Des personnes s’y aventurent parfois et traversent ces espaces, dont le sol est recouvert des traces des camions et de la poussière des travaux.
Œuvre d’art involontaire : Dans une des tranchées, pour maintenir en suspension une canalisation, des ouvriers ont ingénieusement disposé un séparateur de voies empilables de couleur rouge, sur lequel ils ont entassé trois morceaux de bois formant une pyramide au sommet de laquelle repose une canalisation en équilibre.
Palimpseste : Tout ce qui ressurgit dans le réel d’une réalité passée. Dans la ville en chantier, on voit des traces de démolition de constructions anciennes, des tags qu’on efface et dont il ne reste qu’un fragment, et certaines qui effacent d’autres écritures, signalisation, affiches, adresses, couches de bitume en recouvrant d’anciennes, comme autant de strates de temps différents.
Panneau : Les panneaux de signalisation ont été enlevés dans les zones en travaux. Déplacés régulièrement pour les besoins du chantier, ils s’abîment au fil des jours : au sol, accolés contre un mur, sur un pilier ou une barrière.
Peinture : Des lignes, des mots, des chiffres peints au sol, sur le bitume, les pavés et les trottoirs, pour indiquer les principaux axes des travaux à effectuer. Chaque couleur désigne un type de travaux : canalisation d’eau, de gaz, câbles électriques, câbles téléphoniques.
Potelet : Soigneusement empilés sous un banc pour les protéger.
Permis d’aménager : Des affiches blanches plastifiées ont été installées à la hâte sur d’anciens panneaux de signalisation, des feux rouges. Souvent loin des endroits où les piétons peuvent circuler, on ne peut pas lire leur message, seuls les mots Permis d’aménager sont visibles à distance.
Pavés : À Paris, dès que des pavés sont enlevés, la rue prend un air d’insurrection. J’apprends au passage que si les premiers pavés parisiens étaient en grès et provenaient des carrières de Fontainebleau, avec l'abaissement du coût du transport, c’est le granit breton, plus solide, qui a désormais les faveurs des ingénieurs de la Ville de Paris depuis les années 1950.
Plot en béton (pour clôture mobile de chantier) : En ville, ces plots sont souvent détournés par les sportifs, qui, au lieu de soulever de la fonte, s’entraînent désormais en extérieur avec des plots en béton. Dans ce chantier, ils servent à stabiliser les barrières de sécurité.
Quartz (graviers de chantier) : Au fond de la tranchée, le gravier est jeté sur le sable avant d’être recouvert de terre, pour drainer l’ensemble, puis disposé à l’aide d’une pelle.
Raccourcis : Les habitants et les passants cherchent systématiquement à contourner les barrières et plots de sécurité qui délimitent les zones de travail. Malgré tout, ils trouvent des chemins alternatifs, souvent plus longs et dangereux, en franchissant les barrières ou en sautant par-dessus. Ils traversent la route sans protection et se retrouvent isolés au milieu de la chaussée.
Strates : Les tranchées, les trous creusés pour assainir les canalisations, laissent apparaître les différentes couches du sol : bitume, pavé, terre, sable et gravier. Cet empilement de matières aux couleurs subtiles est un ravissement pour l’amateur d’art abstrait.
Seaux : Ils reposent par terre, enchâssés l’un dans l’autre, tels deux vieux chapeaux usés.
Séparateur Glissière béton armé : Des ouvriers ont repeint les séparateurs avant le début du chantier, avec leur rouleau de peinture jaune, blanc et rouge pour recouvrir les couleurs usées et certaines parties salies ou couvertes de graffitis, afin de les rendre plus visibles pour les automobilistes.
Tranchée : La place du Colonel Fabien s'appelait autrefois la place du Combat, en référence à une ancienne arène où se déroulaient des combats d’animaux. Au XIXᵉ siècle, cet endroit abritait une arène appelée le Champ de la Courtille, célèbre pour ses affrontements entre animaux. Après la Seconde Guerre mondiale, la place a été rebaptisée en hommage à Pierre Georges, alias Colonel Fabien, résistant communiste et héros de la lutte contre l’occupation nazie. Les câbles, canalisations et racines des arbres qui traversent ces tranchées font penser à des corps écorchés, révélant ce qu’il y a sous la peau.
Trou : Chaque endroit a son envers, chaque trou son tas à proximité.
Tag : Les barrières de sécurité sont progressivement recouvertes de tags. On peut dater la durée d’un chantier au nombre de tags apparus sur les parois depuis son commencement.
Trottoir : Le paradoxe du chantier est qu’il faut réduire un temps la taille des trottoirs pendant les travaux pour créer de nouveaux trottoirs plus vastes, agréables et fonctionnels.
Terrasse : Les terrasses des cafés sont les plus impactées par cette première phase des travaux de la place.
Vestiges : Lorsque le chantier est à l’arrêt, le week-end, tout est calme et serein. Le chantier se transforme en site de fouilles archéologiques.
Zones : Pour faciliter le travail des ouvriers et limiter les désagréments pour les habitants, les passants, les commerçants et la circulation des véhicules, des zones ont été réservées pour concentrer l’essentiel des travaux dans ces seuls endroits. Le centre de la place est laissé en dehors du chantier dans sa phase actuelle. Cependant, d’ici un an, la future forêt urbaine y sera installée.