[Sur la ligne 20 du bus de La Rochelle à Châtelaillon-Plage]
On parle des places qui restent sur le parking, il reste des places mais pas beaucoup.
On parle d'avoir pris ou pas un pull, et que celui qui a pris un pull est plus malin que celui qui n'en a pas pris.
On parle des cygnes dans l'étang et de la beauté des cygnes dans l'étang.
On parle du monde qu'il y a sur le trottoir, on dit que ce sont sûrement les jeunes ouvriers qui travaillent sur le chantier d'en face, ou peut-être des étudiants, on ne peut pas savoir.
On parle de la place que l'autre prend et de s'il peut prendre moins de place.
On parle d'une maison à vendre et de "t'as qu'à l'acheter."
On parle des ruisseaux qui sont bien pleins. On dit que cet hiver, on ne manquera pas d'eau.
On parle des gens qui sont trempés.
On parle de la police, "Tiens la police, elle mange au McDo."
On parle d'où il faut descendre pour aller au Carrefour et de pourquoi les gens descendent là et pas là-bas, c'est quand même plus prêt.
On parle des égouts qu'on est en train de curer. On parle qu'il y a de l'eau, beaucoup d'eau quand même.
[Quelques minutes plus tard, dans la file chez le fromager, au marché de Châtelaillon-plage]
On parle de balcon et d'ouverture à faire en façade, et d'anciennes fermetures faites de lattes de bois, et de gars qui s'emmerdaient pas autrefois.
On parle de serrures que l'on peine à ouvrir, et de la matinée qui est déjà passée.
On parle de fatigue, d'être fatiguée, d'être obligée de tout le temps, tout le temps faire des choses, d'être fatiguée, trop fatiguée, d'avoir des vertiges, d'être trop stressée, de corps qui dit stop.
On parle de vente, de déménagement, de location, on parle de faire attention, de tintouin, d'être sur les dents, de nouveau frigo, de livraison, d'être présente pour la livraison.
On parle de jardin, de jardinier, d'entretien, de devis, de mail, de réponse à donner.
On parle de nuit, de jour, de qualité de sommeil, d'insomnie, de fatigue, de repos.
On parle de pain à trancher, et avez-vous un compte chez nous ?