picture Chien qui dort

Le salon baigne dans une lumière douce. Le soleil de l’après-midi filtre à travers les stores, projetant des ombres mouvantes sur le parquet. L’espace est grand, aéré, empli d’une sérénité palpable. Sur le Fatboy, le chien s’est laissé aller, roulé en boule, le museau enfoncé dans le tissu moelleux. Son flanc se soulève au rythme de sa respiration paisible, parfois troublée par un léger soubresaut. Il rêve. Un frémissement traverse ses pattes, un petit gémissement s’échappe de sa gueule. Peut-être court-il dans un pré imaginaire, à la poursuite d’un papillon insaisissable.

Sur le canapé, mon conjoint, allongé, feuillette distraitement un livre. Ou du moins, il le prétend. Ses yeux se ferment à intervalles réguliers, sa main retombe doucement sur sa poitrine. Un léger ronflement s’élève, se mêlant au son discret du jazz qui flotte dans l’air. La musique est comme une caresse invisible, enveloppant la pièce d’une quiétude rassurante.

Moi, j’ai voulu lire aussi. Installé(e) dans mon fauteuil préféré, j’ai ouvert mon livre, tourné quelques pages, puis… plus rien. Je ne lis plus. J’écoute la sieste. Ce murmure du temps suspendu, cette respiration collective des corps au repos. Mon propre souffle s’accorde à ce rythme lent et paisible. J’observe, j’entends, je ressens. Chaque bruissement, chaque frémissement devient un langage secret de la détente absolue.

Soudain, un petit aboiement rompt le silence. Le chien sursaute, ses pattes s’agitent. Son rêve l’agite quelques secondes encore avant qu’il ne retombe dans l’immobilité. Mon conjoint murmure un vague « aussi… » dans son demi-sommeil, comme en réponse à un dialogue invisible. Un sourire effleure mes lèvres. Tout est apaisant. Tout est parfaitement à sa place.

Et moi, finalement, je ne lis pas. Je vis ce moment.