picture Arpentage sur table

7 étudiant·es, 1 étudiant spécial, 2 enseignant·es. Une table, sur laquelle sont organisées des images, imprimées en A4, et des informations, sur papier orange, en A3. Sur la table, composée de 6 panneaux, emballés proprement de papiers kraft, les prémices d’une exposition des projets passés. Quelques objets pour prendre des notes. Des carnets, des stylos, 6 téléphones, dont 3 sont retournés face cachée. Un appareil photo, des trousses d’écolier, devant les carnets. La moitié des étudiant·es sont assis·es sur des tabourets, éloignés de la table. L’autre moitié est assise à table : les images sont alignées d’un côté des tables, les rendant impropres pour leur fonction primaire. Un rouleau de scotch bleu, large, avec lequel l’enseignant joue, en plaçant un téléphone dedans comme pour expérimenter la force centrifuge, la concentration, ou l’ennui. Une tasse de café vidée, avec une touillette en bois salie. Deux ordinateurs sur la table, un fermé, un Apple M4 étrangement épais pour un ordinateur dernier cri ; un ordinateur Apple M1, ouvert, sur lequel je tapote et décris. Les étudiant·es racontent un·e par un·e leur interprétation du livre Exercices d’Observation de Nicolas Nova, que j’ai déchiré et divisé en 20 parties pour en faire l’arpentage collectif. Après les deux premier·es récits et interprétations, l’organisation est fluide. Les récits interprétatifs se suivent, sans interruption de l’un·e à l’autre. 6 étudiant·es prennent des notes quand les autres parlent. Beaucoup (tous·tes?) écoutent. La table est située dans l’atelier L de l’ENSA Toulouse, un atelier plutôt grand, à l’étage, dans la première extension du bâtiment de Candilis. La salle est éclairée par deux murs, sud et est, et par un grand shed orienté au nord et surplombant la table. Il y a suffisamment de place autour de la grande table pour que s’amoncèlent, en retrait, d’autres tables et des tabourets, sans ordre particulier, ni direction précise. Sur la plupart des tables périphériques, des objets sont empilés : des manteaux, des sacs, des stylos, des gourdes, des papiers et images non sélectionnés. Tout ce qui ne fait pas partie de la conversation. Tous les objets pour lesquels il n’y a pas de place déterminée. Sur les tables alignées sous la fenêtre à l’est, des maquettes et des plans, abandonné·es là, sans nom ni instruction. Le long des murs, des réseaux électriques filent à une hauteur d’environ 90 cm, au dessus du niveau des tables. Des prises électriques ponctuent les lignes de cable. Sur le mur, à l’est, le planning du semestre est détaillé à la main sur 20 feuilles de papiers A3 orange : voyage, chantier et rendu. Départ Belgique, Retour Belgique, Marseille (?), La Maison, l’ENSA, Lieu Commun, et des dates, les vendredis, de février à juin. Deux portes donnent dans la salle, une vers le couloir, une vers une autre salle, où là aussi, il y a des étudiant·es, et des enseignant·es, qui parlent, aussi, de quelque chose. Ici, tous les apprenant·es sont en pull, sauf un, en t-shirt, en hiver. Cela indique que le chauffage fonctionne, aujourd’hui. Tout le monde écoute.  Le rouleau de scotch est maintenant en équilibre au dessus de la tasse de café vide. Puis repris, tourné, dans l’autre sens, puis reposé au dessus de la tasse, à plat. Puis on regarde à l’intérieur. Pour voir le monde. D’un point de vue inédit.